Money Makes The World Go
'Round?"A world without forests is inconceivable."
Starts Lise Caron, an instructor of forestry at the University of Moncton. Forests give us
all types of advantages and sustenance which affect all levels of society: local,
national, and even global. Many of these advantages rely on the forests being left
relatively intact, however it is also true that there are benefits to utilising the
forests as well. It would be unrealistic of us to think that we could simply stop
harvesting forests at a moments notice.
The key to creating a sustainable relationship with our forests lies in balancing these
two points of view: "If our objective is to conserve the forests, then to what extent
can we allow harvesting?" and "Our objective is to get the maximum economic
value from our forests, to what extent can we conserve?".
Only by balancing all concerns governing our forests, be they economic, social,
ecological, or spiritual can we hope to work together to achieve a meaningful solution to
our current situation. |
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Vers un
aménagement plus écologique de nos forêts
Lise Caron
Juin 1998
n monde sans
forêts est inconcevable. Comment pourrait-on ainsi continuer à avoir un environnement
où la vie est possible, où lon pourrait continuer à lire notre journal ou le
dernier best-seller calmement à labri et au chaud ? Comment pourrait-on
lassurer aux générations qui nous suivent ? Les forêts nous procurent toute une
gamme davantages connus ou encore inconnus aux niveaux local, national et
international.
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(photo: Lise Caron) |
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Parc National Kouchibouguac, Été 1996
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Certains de ces avantages ne peuvent être fournis que si les forêts restent intactes
ou du moins subissent des perturbations minimes. Le défi de conserver de telles forêts
est trop grand pour penser latteindre en établissant des parcs et des réserves de
la grandeur dune tête dépingle. Enfin, dautres avantages obligent
lexploitation de la forêt pour récolter son bois ou ses autres produits. Il est
irréaliste de penser que nous pouvons nous retirer des écosystèmes forestiers et cesser
de les utiliser pour en faire de tous des endroits vierges. Quon le veuille ou non,
nous faisons donc partie intégrante de la forêt. Sans elle, la vie serait impossible. Il
serait simpliste alors de réduire la question complexe de la foresterie à une lutte
entre deux forces : la conservation et lutilisation.
Le sujet de la conservation et de lutilisation des ressources forestières
mérite donc dêtre débattu. Dailleurs, lobjectif de tous ceux
concernés par laménagement des ressources naturelles dans une perspective de
développement durable nest-il pas darriver à équilibrer ces deux exigences
? Il faut donc trouver un moyen de concilier harmonieusement les exigences de conservation
et dutilisation, de manière à maximiser les avantages pour les générations
présentes et futures. La volonté dassurer un avenir durable ne doit
nullement exiger le refus de satisfaire les besoins légitimes de notre espèce. Ce
ne serait ni réaliste ni réalisable. Par contre, un avenir durable signifie
latteinte dune relation équilibrée entre nous et la forêt.
On peut donc se questionner sous langle suivant :
Notre objectif est de conserver les forêts. Pour y parvenir, quel degré
dutilisation devons-nous permettre ? ou, si lon se place dun autre point
de vue, on pourrait se demander ceci :
Notre objectif est dutiliser les forêts. Pour le faire de manière durable, quel
degré de conservation devons-nous respecter ? En fin de compte, ce sont deux
optiques opposées qui peuvent finalement se rejoindre.
La foresterie au Canada était jusquà tout récemment basée sur des intérêts
strictement économiques et sur la récolte du bois. Cest la foresterie
administrative. Cette situation est encore dominante au Nouveau-Brunswick. Même si
certains projets sont mis de lavant pour considérer dautres valeurs de la
forêt, tout gravite encore autour du bois. On voit par contre émerger petit à petit et
un peu partout au pays un nouveau modèle : la foresterie sociale. Les forces dont elle
origine sont de plusieurs sources. On peut toutefois identifier les pressions du public
qui est de plus en plus conscientisé comme un élément important. Ce qui en découle est
une foresterie qui, dans ses prises de décision et ses plans daménagement, tient
compte des aspects sociaux, culturels, esthétiques, spirituels, écologiques et
économiques.
Cette nouvelle forme de foresterie vise à atteindre un équilibre entre ces
différentes valeurs, un équilibre qui devra sadapter aux différentes régions et
aux différents types de forêts. Dans cette approche, la participation du public pour
fixer les objectifs daménagement est non seulement incontournable mais devient
nécessaire. Le résultat est laménagement des écosystèmes forestiers. Il ne faut
surtout pas argumenter que latteinte de ce résultat se fait en fonction des outils
technologiques mis à notre disposition. Ce type daménagement ne peut se réaliser
que par la volonté de la société. Les outils technologiques suivront sils
nexistent pas déjà.
Cet aménagement englobe une foresterie à la fois sociale et écologique. Sociale
puisque les valeurs et les objectifs des gens de toute la communauté sont pris en
considération. Écologique parce que lon traite comme il se doit les forêts en
écosystèmes.
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Lise à Mt. Carleton, 1996
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(photo: Lise Caron) |
Un écosystème forestier est quelque chose de dynamique. Il change selon les régions,
il change dans le temps et il varie dans sa composition animale et végétale. Si
lon se promène dans des forêts dépinettes âgées de 30 ans, de 50 ans ou
de plus de 100 ans, on saperçoit en fait que même si on est toujours physiquement
dans une forêt dépinettes, celle-ci a une toute autre allure. Pas une des trois ne
sera plus intègre que lautre car chacune est un écosystème en soit. Ceci laisse
donc sous-entendre quaménager les écosystèmes, cest sassurer que les
forêts sont équitablement représentées non seulement dans leur composition en essences
mais aussi dans leur patron dâge.
À ce titre, il y a un écosystème en particulier qui est précieux. Cest celui
des vieilles forêts. Celles-ci sont souvent des réservoirs génétiques incroyables et
tout en étant des images du passé, elles sont garantes de lavenir. Elles peuvent
servir de point de référence pour connaître létat présent des choses et ce que
réserve lavenir. On y trouve également des arbres qui sont les braves survivants
dune population entière. Ces arbres renferment donc une valeur génétique
quil ne faut pas sous-estimer. Ces forêts abritent une faune et une flore dont leur
survie dépend. Elles ont une valeur culturelle, spirituelle et sociale quon ne doit
pas négliger ou oublier. Qui de nous en se promenant dans une de ces forêts na pas
ressenti une sérénité intérieure et une admiration de la grandeur de la nature ?
Limage du Canada nest-elle pas dailleurs directement liée à de telles
forêts ?
Sur le plan social, il est nécessaire que laménagement des écosystèmes se
fasse en collaboration étroite avec les gens des communautés. Il est important de
préciser des objectifs régionaux qui tiennent compte du portrait général des forêts
à léchelle provinciale mais aussi des valeurs et des attentes qui peuvent varier
selon les régions. Les gens doivent être non seulement consultés mais informés et
écoutés. Ils doivent absolument prendre part aux décisions et aux choix. Ceci passe par
lintégration complète des différentes valeurs de la forêt et non pas par un
morcellement du territoire à la suite de demandes provenant de différents utilisateurs,
à différentes périodes, qui nont pas de vue densemble.
Une approche daménagement des écosystèmes présuppose donc un changement de
mentalité des gens et des gestionnaires de la forêt. Au Nouveau-Brunswick, nous avons la
chance davoir beaucoup de richesses naturelles encore disponibles. Ne serait-il pas
souhaitable que nous devenions exemplaires dans lEst du Canada en matière
daménagement ? Nous avons plusieurs atouts en poche pour le devenir. La province
possède une petite superficie, ce qui a permis de cartographier la plupart des forêts.
Nous avons les outils et le savoir technologique. Il ne manque maintenant que la
volonté de faire le virage.
Extraits dune allocution présentée à lAlliance pour les
forêts futures du Nouveau-Brunswick par Lise Caron le samedi 5 avril à 13 h 15 à
lAlumni (UNB), Fredericton.
Lise Caron est professeure titulaire à lÉcole de sciences forestières de
lUniversité de Moncton.
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